Infertilité urbaine
Imaginez qu'une épidémie soit si destructrice qu'elle provoque un effondrement de la natalité d'une population, si bien que cette dernière ne pourrait plus se perpétuer par des moyens naturels, mais serait condamnée à importer de la "chair fraiche", c’est-à-dire les enfants de substitution qu'elles n'a pas faits. Cette épidémie s'appelle la "modernité", elle fait rage depuis un demi-siècle environ dans la totalité des pays dits développés, avec des métastases désormais sur toute la planète.
La France se situe sous le seuil de renouvellement des générations depuis environ 50 ans. La situation est d’autant plus préoccupante qu’une proportion croissante de la (faible) natalité restante provient des populations immigrées. La natalité “de souche” est donc encore plus basse que les valeurs officielles.
Il faut établir les causes profondes de cette modernité qui peut être résumée succinctement par une urbanisation excessive ; les villes ont en effet été à toutes les époques des puits de population, c’est-à-dire qu'elles ne furent soutenues démographiquement que par l'apport continu d'hommes de la campagne. Très prosaïquement, pour un paysan, les enfants sont une ressource. En effet, une descendance nombreuse lui permet de disposer d’une main d’œuvre supplémentaire pour les travaux des champs, les soins apportés au bétail, etc. À moins de vivre dans un monde plein dans lequel il n’y a plus de terres disponibles, un paysan a tout à gagner à “croitre et multiplier”. A contrario, pour un citadin, les enfants sont un fardeau économique. Il doit, idéalement, leur offrir une (coûteuse) éducation afin de leur permettre de monter l’échelle sociale ou tout du moins de rester le plus haut possible dans la hiérarchie. Ces raisons, auxquelles on pourrait rajouter des causes plus spécifiques (sanitaires par le passé, culturelles de nos jours) placent les populations urbaines en fin de chaine démographique, la fécondité étant en ville si réduite que les générations ne s'y perpétuent progressivement plus. En pièce jointe, vous verrez une étude de l'INED de 1972 montrant qu'en France, seuls les paysans disposaient d'une fécondité suffisante pour faire croitre la population. Les ouvriers aussi, mais dans une moindre mesure, et sans pouvoir séparer ouvriers agricoles des ouvriers "urbains".
"L'éducation", notamment des femmes, souvent citée comme cause du déclin démographique, n'est que l'arbre qui cache la forêt. En effet, pour bénéficier d'une éducation supérieure, il faut par définition quitter le monde rural pour étudier à l'université, c’est-à-dire en ville. C'est l'urbanisation qui est donc la cause profonde de la dénatalité, l'éducation n’étant alors une conséquence de cette dernière. Comme expliqué ci-dessus, l’éducation constitue un investissement indispensable lorsqu’on vit en ville, la compétition sociale y étant beaucoup plus intense qu’à la campagne. Inculte à la campagne, vous resterez à cultiver votre lopin de terre ou garder vos chèvres. Inculte en milieu urbain, vous descendrez progressivement la hiérarchie sociale, pour finir à la rue ou dans un bidonville insalubre peuplé de déracinés comme vous. La pauvreté à la campagne est normale ; en ville, elle est bien plus humiliante et mal vécue, souvent solitaire et peut parfois s’avérer mortelle.
Graphique illustrant les corrélations (positives ou négatives) entre différentes variables liées au taux de fécondité. On voit que l’urbanisation entraine toutes les autres variables influençant négativement la fécondité. Source.
Or, plus les populations s'urbanisent, et plus le "réservoir" rural, celui à l'origine de la croissance démographique, diminue proportionnellement. À un moment, le seuil est franchi et les populations urbaines et péri-urbaines dominent quantitativement la population du pays tant et si bien que le réservoir rural n'est plus capable de subvenir aux besoins démographiques du pays. Ces différences sont également visibles entre les états ou régions d'un même pays, ainsi qu'entre les pays. Ainsi en Inde et au Brésil, les états les plus urbanisés sont ceux ayant les plus faibles taux de fécondité. L'Afrique subsaharienne reste le continent le plus fécond, et de loin, parce qu'elle reste encore très peu urbanisée par rapport au reste de la planète.
Taux d’urbanisation des régions brésiliennes (lignes continues) et taux de fécondité correspondants (lignes brisées). Source.
Il est d'ailleurs remarquable que les populations blanches ayant le plus fort taux de fécondité soient des anabaptistes comme les Amish ou les Mennonites, c’est-à-dire des nations de paysans fuyant toute forme d'activité urbaine. Et l'on retrouve encore chez elles la corrélation entre ruralité fonctionnelle, absence d'éducation supérieure et forte natalité. Les communautés Amish continuent de fonctionner selon le mode démographique typique des populations paysannes vivant dans un monde “vide” : plus d’enfants = plus de main d’œuvre et plus de terres cultivées.
Le taux de fécondité des Amish, bien qu’inférieur à celui de leurs aïeux, reste très supérieur à celui de la population américaine, et l’écart continue de se creuser.
À l’opposé du spectre de la transition démographique, les états modernes sont condamnés à subventionner la natalité de populations de plus en plus urbaines et donc pour lesquelles le coût d’un enfant ne cesse d’augmenter. L’apparition récente d’idéologies antinatalistes qui, sous couvert d’une écologie dévoyée encouragent la stérilité, l’infanticide (=avortement), pour “sauver la planète” n’est en réalité que l’excroissance de cette hyper-urbanisation. On pourra également noter que l’obsession désormais pathologique des populations contemporaines pour les titres universitaires au moment même où la valeur absolue de l’éducation n’a jamais été aussi basse traduit, elle aussi, un malaise lié à la compétition sociale du monde urbanisé. On ne fait plus d’enfants qu’au compte-goutte, on dépense des fortunes en soins, cours, diplômes pour maintenir son niveau social ou l’élever et l’on délocalise la natalité chez les populations étrangères. Il m’est avis que cela finira mal. Pour nous évidemment.