Une des conséquences majeures de la révolution terricole est la mise en œuvre brutale d’un enfermement particulièrement pesant pour les plus jeunes. Si vous vivez en Europe ou en Amérique du Nord, quelle est la dernière fois que vous avez vu des enfants jouer dans la rue ? Si vous cherchez dans un moteur de recherche « European children playing in the street » vous constaterez qu’une bonne moitié des photos obtenues sont en noir et blanc, comme si jouer dans la rue était une activité désormais désuète. Et beaucoup de photos en couleur que vous trouverez ne représentent de toute façon pas des enfants vivant en Europe.
Lorsque j’interroge mes parents sur leur enfance, ils m’expliquent qu’ils passaient leur temps à jouer dehors, notamment dans la rue, pratique absolument inconcevable de nos jours dans beaucoup de familles tant le « monde extérieur » souffre d’une image négative. La rue est sale et dangereuse, voilà tout. Les enfants peuvent encore jouer au square (sous étroite supervision parentale), c’est d’ailleurs un des seuls moments que beaucoup d’enfants grandissant en ville peuvent passer dehors.
Concernant ma propre enfance (entre les années 80 et 90), il me revient clairement en mémoire de jouer au ballon avec mes amis et de courir sur le parking de notre résidence, de grimper haut dans les pins pour essayer d’enlever les cocons (urticants) de chenilles processionnaires, de construire des abris de fortune dans les parcs et de me chamailler avec mes copains dans l’herbe, sans compter les nombreux coups de bâtons que nous nous donnions. Nous sonnions aux portes des voisins pour nous enfuir le plus vite possible avant leur arrivée et jouions aux billes dans la partie sableuse du square. Nous allions aussi seuls, moyennant quelques sous, acheter les paquets de cigarettes de nos grands-parents au bureau de tabac et utilisions la petite monnaie pour acquérir des bonbons. De nos jours, lorsque les enfants sortent de chez eux, c’est toujours sous le chaperonnage d’un adulte. Lorsqu’il m’arrive de revenir dans le quartier de mon enfance, je suis d’ailleurs frappé par le changement d’atmosphère, par l’austérité nouvelle de cet endroit jadis empli de cris et de chamailleries. Aucun môme ne s’amuse plus dans les espaces de stationnement (c’est de toute façon interdit), l’entrée des immeubles est régulée par des interphones, les branches basses des arbres ont été sciées, si bien que personne ne peut plus y grimper. Comment s’amusent donc les jeunes dans un tel environnement ? Ils sont probablement enfermés chez eux avec leur téléphone et leur console de jeu. La proportion de petits garçons âgés de 6 à 10 ans passant plus de trois heures devant un écran a quasiment doublé entre 2006 et 2015.
Une étude britannique a démontré que les enfants passaient autant de temps enfermés que les détenus ! On estime que la moitié des enfants ne joue jamais dehors. Il est donc certain qu’une part importante et croissante de la population, est carencée en vitamine D du berceau à la tombe, à cause de l’enfermement. Allons au-delà de cette seule comptabilité sérologique : quels seront les effets d’une telle captivité sur le développement physique et psychique de ces enfants ? Quelle vision du monde et quel rapport au réel et à la nature développeront-ils si dès leur enfance tout est faussé par la médiation du foyer et des écrans ?
Les effets cliniques de cette captivité sont inquiétants : il est prouvé que l’enfermement, et donc la sédentarité ont provoqué un déclin physique et psychique chez les jeunes générations. L’étude ESTEBAN (citée précédemment) menée par Santé Publique France a découvert que seule la moitié des garçons et un tiers des filles atteignaient les recommandations de l’OMS en matière d’activité physique.
Autre étude, plus ancienne, menée au Royaume-uni : en 10 ans (1998-2008), les enfants ont perdu en moyenne 26 % de force dans les bras. Alors qu’un enfant sur 20 était incapable de soulever son propre poids en 1998, c’était un enfant sur 10 en 2008.
Diminution de l’aire ludique des enfants sur quatre générations en Angleterre. Notez la tristement célèbre ville de Rotherham au nord-est.
Le temps passé devant les écrans a, sans surprise, progressivement augmenté dans les dernières décennies, provoquant une spirale malsaine d’enfermement et de déclin cognitif. Comment expliquer un tel changement de mode de vie en à peine une génération ? Plusieurs hypothèses sont avancées : le désir de surprotection de la part des parents, la peur des pédophiles, l’immigration de populations tribales qui a rendu la rue dangereuse pour les enfants européens issus de familles plus petites et nucléaires ? Je reviendrai sur cette dernière hypothèse dans un article ultérieur. Il existe aussi, d’après moi, une tendance de plus en plus marquée, notamment dans les pays méridionaux à ne plus accepter le comportement puéril, à vouloir la docilité en tout temps et donc à pousser la volonté de domestication de l’individu à des niveaux pathologiques. En tuant l’animal en nous, nous tuons aussi l’enfant. Le contraste est frappant lorsqu’on compare les pays du sud de l’Europe avec la Scandinavie ou les pays baltes. Des pays méridionaux comme l’Italie ont la réputation d’aimer les enfants, je confirme que c’est vrai, les sympathiques mamma offrant des biscuits à mes petits lors d’une visite récente dans ce pays en sont une belle preuve. Cet accueil individuel chaleureux s’oppose en réalité à une hostilité collective, structurelle pour ainsi dire.
Il serait fastidieux d’énoncer ici toutes les différences observées entre le nord et le sud de l’Europe, mais je peux les résumer grossièrement :
-aires de jeu nombreuses, végétalisées et bien équipées vs quelques minuscules squares bétonnés
-jouets, dinettes et tables à langer dans presque tous les restaurants et cafés vs rien du tout
-grande tolérance aux cris et jeux des enfants vs obligation de « bien se comporter » ce qui signifie en général se taire et ne pas jouer
Pourquoi de telles différences ? D’après le sociologue Emmanuel Todd, les sociétés du sud du continent ont raté la révolution du salariat féminin. Les femmes et la maternité ne sont donc pas les bienvenues dans le monde « extérieur », celui qui se trouve au-delà du seuil de la domus. L’allaitement en public continue de choquer, l’exubérance des enfants se heurte de plein fouet à la retenue que l’on exige dans une société d’adultes.
En sus d’une certaine hostilité collective envers le comportement des enfants, des facteurs moins spécifiques comme le vieillissement des populations contemporaines (à l’exception de l’Afrique) accentuent la volonté de domestication de la jeunesse. Cela ne fut jamais aussi bien démontré que par la pandémie de COVID-19 qui a libéré un autoritarisme gérontocratique sous-jacent. La planète entière ou presque a enfermé la majorité de la population, la jeunesse en particulier, pour préserver la santé des vieux. Les réfractaires et ceux qui prenaient la défense d’une jeunesse mise en cage firent face à un déluge de quolibets de la part de boomers goguenards. Masque obligatoire en cours, ne pouvant être retiré qu’entre deux bouchées à la cantine (!) dans certains cas, assignation à résidence, fermeture des parcs et squares. Le prix à payer pour sauver la vie de quelques nonagénaires fut dramatique et pèsera durablement sur le développement des jeunes générations.
La plupart des gouvernements des pays occidentaux en 2021 a sciemment encouragé la vaccination des jeunes alors que ceux-ci ne sont pour ainsi dire pas affectés par le virus et que donc, dans leur cas, les effets secondaires du vaccin dépassent clairement les bénéfices qu’ils pourraient en tirer. Les jeunes, de moins en moins nombreux en raison de la baisse de la natalité se trouvent ainsi à la merci d’une population âgée chaque jour plus nombreuse et prête à tout pour préserver sa santé déclinante. L’apothéose de l’enfermement des jeunes est ainsi explicitement atteinte au nom d’une inégalité de principe entre les générations et d’une volonté de domestication mortifère.
J'ai découvert votre compte et je dois vous dire que je l'apprécie beaucoup, je tiens donc à vous remercier. J'ai par contre une petite remarque quand à la "domestication", une espèce domestiqué est une espèce dont les instincts les plus profonds, dés la naissance sont prédisposés à une forme d'obéissance, c'est par sélection qu'on les domestiques. Ce qu'il se passe aujourd'hui à mon avis, revient plus à ce que les chinois faisaient avec le pieds des jeunes filles, c'est plus de la déformation (mais cette fois-ci mentale), on empêche certains instincts naturels de se développer, on exerce une pression qui en change la direction dans d'autres, etc.
D'ailleurs, un animal domestiqué a un profond bonheur et une vrai fleuraison de ses capacités quand mit en face des tâches pour lesquelles on l'a fait, alors que les gens de nos jours c'est tout le contraire, ils souffrent beaucoup (antidépresseurs, etc), cela revient plus à de la torture, comme chez les petites chinoises. Bref, je considère ce que l'on fait aux enfants comme un crime sans nom, et il vaudrait mieux les envoyer dans les bois comme Mowgli.
Immigration ? Désolé mais en Europe le seul danger pour les enfants (les pedophile)c’est les européens eux même. Petit quand il y a avait Des affaires à propos des agressions sexuelles sur les enfants ce fut toujours la même race qu’on voyait à la télé. Ma mère m’a toujours appris a me protéger face à ces « gens »